jeudi, juin 10, 2010

Les Robots Japonais : prochaine Pop culture mondiale ?


La deuxième journée du programme d'immersion "Orange Institute" nous a réservé une belle matinée consacrée aux robots et plus généralement à la manière dont les nouvelles technologies vont renforcer les potentialités humaines.






 Prof. Ishiguro, Prof Ishii, Prof Sankai, Georges Nahon, Jérome Laudouar et Yuko Mochida.






Le premier intervenant, le professeur Sankaï, de l'université de Tsukuba est un doux poète qui travaille avec constance, depuis des années, sur une série d'appareils permettant de pallier les insuffisances mécaniques du corps humain. Cela va de la prothèse à un vêtement complet (le vêtement HAL) dont j'ai trouvé cette petite vidéo sur Internet :



Guidé par sa passion et son originalité, il a réussi à transformer son combat en véritable cause nationale, mobilisant désormais des centaines de millions d'euros d'investissement. Dans un pays dont plus de 30 % de la population a désormais passé les 65 ans, ces techniques qui vont bien au delà de la prothèse offrent une incroyable perspective de maintien de l'autonomie des personnes âgées, mais aussi une extraordinaire réponse à la pénurie de bras, notamment dans les campagnes.

Le professeur Ishiguro, cherche lui à développer des robots aux attitudes profondément humaines. Il distingue ainsi l'humanoïde, qui a forme humaine, l'androïde, qui a forme et attitude humaine, et le gemoïde, copie conforme d'un humain. Son robot le plus connu est la copie conforme de lui-même (comme le montre la vidéo suivante), mais il nous a également montré des tentatives assez réalistes de copie de sa fille de 4 ans.


On pourrait se demander si Ishiguro est un illuminé, sauf que ce dream project lui permet de stimuler, et d'intégrer, une impressionnante série de recherches en mécanique de précision, en psychologie, en physiologie et dans de nombreux autres domaines.

Le professeur Ishii est pour sa part en charge des recherches sur les interfaces tangibles au Medialab du MIT. De nombreux membres de Cap Digital le connaissent déjà, et ceux qui ne le connaissent pas encore doivent savoir que c'est son laboratoire qui a guidé les réalisateurs de Minority report, et que l'ordinateur guidé par le geste que l'on voit dans le film est désormais commercialisé par une start-up américaine.
Même si j'adore le Medialab, je dois dire que leur complaisance est parfois fatigante. De toutes les merveilles de la modernité, il semble que le Medialab soit, à leurs yeux, la plus fascinante. Mais passé le premier quart d'heure narcissique incontournable, je dois dire que nous avons quand même vu quelques belles choses, et notamment la palette I/O Brush, qui est pour moi, quelque chose de vraiment neuf, ouvrant un regard vraiment neuf sur le monde.

Mais ce qui m'a sans doute le plus fasciné dans cette matinée extraordinaire, c'est la dimension culturelle sous-jacente. Il fallait être Japonais pour envisager cette série de performances. Il fallait un shintoïsme un peu animiste pour se dégager du surmoi judéo-chrétien dans lequel tout robot est un peu un Golem inquiétant et se lancer ainsi dans tous ces bricolages. Il fallait cette forme particulière d'originalité insulaire pour ouvrir de telles pistes avec cette forme d'humour et de créativité. Il fallait sans doute aussi avoir été baigné d'Astro Boy et autres Bioman pour prendre un tel plaisir d'enfant à ces développements.

Etant données les applications concrètes des travaux du professeur Ishiguro, dont la valeur est évidente, et la maturité des technologies que nous avons vues, je suis prêt à garantir un avenir réel à ces technologies sur l'ensemble de la planète. Et je suis certain aussi que comme les Mangas, ou les cartoon de ma jeunesse, ces robots déferleront sur la planète en véhiculant une forme très particulière de pop culture, qui, pour reprendre l'expression chère à Frédéric Martel, a tout le potentiel pour devenir tout à fait Maintream.

La bonne nouvelle est que, à l'exception justement de ce bain culturel, j'ai pu constater de visu que nos entreprises et laboratoires français sont parfaitement au niveau technologique de leurs homologues japonais. Et que si notre communauté est plus restreinte, elle jouit ici d'un véritable respect, notamment grâce à son ambassadeur, Nao.

Nous allons continuer à resserrer cette relation qui nous entraîne enfin sur des rivages que la Californie ne quadrille pas encore.

1 commentaire:

  1. Petite typo: "mainStream" pour la référence à Frederic Martel deux paragraphes avant la fin.

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